La situation actuelle et les Solutions

Nous avons constaté lors de nos séjours au Burundi que les fractures du membre inférieur (tibia, fémur)   sont généralement traitées avec des plâtres et par tractions. Ces méthodes peuvent fonctionner mais pour les blessures plus complexes, les résultats laissent souvent à désirer. Il faut faire des radiographies de contrôle fréquentes afin de s’assurer que les os sont bien positionnés, mais au Burundi les patients n’ont pas les moyens de payer les radiographies et trop souvent le résultat est une jambe trop courte et mal-aligné avec les articulations raides et les muscles atrophiés et faibles. L’ennui et le découragement causé par de longue période d’alitement sont les autres désavantages de cette technique.

patient s'ennui après des semaines en traction.

La chirurgie avec fixation interne des fractures permet le patient de se mobiliser rapidement en béquilles et d’exercer ses articulations et ses muscles pendant que ses fractures guerissent. Mais les chirurgies demandent une certaine expertise, de l’équipement approprié et des techniques stériles.  Ces trois conditions  sont fréquemment manquantes au Burundi. L’infection et l’échec à la guérison peuvent se produire ce qui peut conduire à un résultat pire qu’un traitement non-opératoire à moins que l’expertise existe pour s’en sortir.

Le manque d’expertise et de matériel dans la plupart des hôpitaux du Burundi rend le traitement chirurgical moderne impossible. Par conséquent, la guérison est longue et difficile et le résultat final laisse à désirer. Mais nous croyons que c’est possible de changer ça.

Au Burundi, comme dans plusieurs pays Africains, il est typique que les accidentés de la route, ou les personnes atteintes d’une infection osseuse se présentent très tardivement à l’hôpital. Générallement c’est une question d’argent.  C’est moins coûteux de consulter le guérisseur local et c’est seulement après l’échec des traitements et l’aggravation de leur état que les malades et leur familles décident de  consulter à l’hôpital. Il se peut aussi que l’admission à l’hôpital ou à la chirurgie lui soit refusé, par incapacité de payer. Tous les hôpitaux dans le pays , publics ou  privés chargent des frais car ils ne sont pas suffisamment subventionnés par le gouvernement.  Fréquemment, suite à tout ces délais , par le temps que le patient ait accès au chirurgien, les fractures ont déjà commencé à guérir avec difformitées. Dans le cas de fractures ouvertes, elles sont souvent infectées et deviennent prédisposées à une infection chronique de l’os (ostéomyélite chronique).

patient de 20ans avec fractures de fémur et tibia. Date de 6 semaines. Fractures mal-alignées et jambe raccourcie.

 

Les pieds bots congénitaux affectent 1:1000 nouveau-né et ne sont généralement pas traités au Burundi. Les enfants apprennent à marcher sur leur déformation et aggravent la difformité. La correction devient alors plus difficile. Si ces même enfants étaient traités avec des manipulations et des plâtres dès la naissance selon la méthode Ponseti  (www.ponseti.info/parents) , ils grandiraient presque tous avec des pieds normaux. D’ailleurs, même si cette méthode a été conçue pour les nouveaux-nés, elle est également applicable, avec quelques modifications, chez les enfants qui marchent déjà. Les résultats, dans ces cas, sont très encourageants.

nouveau-né avec des pieds bots bilatérals
garçon de 4 ans marchant sur des pieds bots non traités

 

traitement par manipulation d'un pied bot fait hebdomadairement avant d'appliquer le plâtre.

 

L’ostéomyélite  hématogène aigu de l’enfant ( infection de l’os)  est fréquente au Burundi comme dans tous les pays pauvres. Elle  apparaît également chez tous les groupes d’âges où il y a des fractures ouvertes et sur les opérations sur les fractures qui s’infectent. L’ostéomyélite peut être prévenue par un traitement adéquat si elle est détectée tôt. Fréquemment , cela progresse vers une ostéomyélite chronique qui dure toute la vie du patient.

adolescent avec une ostéomyélite chronique du fémur avec un abcès qui contenait plus d'un litre de pus.

 

Solutions:
La solution la plus facile et efficace de faire un impact sur le taux de handicap permanent, suite aux accidents serait d’initier des techniques modernes pour le traitement des fractures dans plusieurs hôpitaux du Burundi et d’intervenir précocement après les blessures en utilisant des techniques chirurgicales d’appoint.

Les fractures et handicaps permanents affectent surtout des jeunes adultes mâles qui sont le gagne-pain de leur  famille ou des mères de jeunes enfants. Si nous traitons ces patients avec de bons résultats, les permettant de retourner au travail, nous évitons à la famille entière d’être dans la pauvreté et d’avoir une dépendance sociale.