Dimanche 13 mars 2011

La semaine s’est achevé avec beaucoup d’enthousiasme car notre mission se concrétise petit à petit.  Chaque journée passée semble s’améliorer et nous commençons à se faire connaitre de plus en plus à Bujumbura. Nous ciblons davantage les prioritées, et essayons d’être le plus efficace possible dans les plages horaires de chirurgies que nous avons. Nous essayons aussi de bien travailler et d’éviter les complications ce qui n’est pas facile étant donné la complexité de ces cas souvent négligés pendant plusieurs semaines.

Cette semaine l’anesthésiste Dr. Shabani travaillait avec nous, alors les patients étaient prêts à temps pour être opérer. Il y avait peu de délai entre les cas. Mais lundi, nous avons pensé rebrousser chemin, car l’infirmier  chef anesthésiste avait décidé ce matin que nos cas seraient annulés. Un patient (qui n’était pas anticoagulé) avait son test  de prothrombine anormal (erreur de labo), l’autre était diabétique et sa glycémie était à 10 et le troisième n’avait pas toutes les analyses qu’il fallait. Finalement notre anesthésiste préféré,  Dr. Shabani est arrivé et a tout mis en oeuvre pour que nos patients soient opérés cette journée.

Dr. Shabani, nouvellement rentré au pays après un long stage en France semble avoir un intérêt particulier pour notre projet. Il habite dans un quartier pauvre de la ville. Il nous a dit que le salaire moyen pour un ouvrier est de 3 à 5 dollars par jour. Alors quand un jeune homme ou femme se retrouve à l’hôpital suite à un accident de la route qui n’était pas de sa faute,  et a besoin d’une opération qui coutera $500.00 c’est un vrai dilemne. Il fera recours aux membres de sa famille mais souvent il est obligé de vendre une partie de sa terre ce qui lui fait très mal car sa terre est sacré; c’est son moyen de survie.

Nous avons débuté la semaine avec un patient de 30 ans du nom de Emery. Il a été victime d’un accident de piéton-moto le 3 janvier 2011 et avait une fracture de fémur gauche. Une réduction ouverte a été faite et avons dû utiliser le distracteur fémoral car il n’avait pas été mis en traction et la fracture était consolidé avec une racourcissement important. En plus,  il y avait un troisième fragment. Nous n’aurions jamais été capable de réduire la fracture sans ce distracteur, (que nous avons acheté des Indes pour $117.00) même avec la force de notre résident musclé, Moise.  Un enclouage fémoral par approche antégrade  avec le clou de SIGN a été faite et la chirurgie s’est très bien passé. Nous avons récolté tout le cal osseux que le patient avait formé et nous l’avons remis autour de la fracture une fois reduit et fixé.  Jean-Claude le chirurgien assistant avec Christopher a travaillé activement et a bien aimé poser le Clou de SIGN. Il veut prendre la relève et continuer de le faire lorsque nous serons absent.  Ce patient était hospitalisé depuis le 7 janvier en attendant d’avoir de l’argent pour payer les frais de chirurgie (médicaments anesthésiques, solutés, compresses, seringues, sang, pansements, etc.) Nous lui avons proposer de payer les 100,000 franc Burundien qu’il lui manquait. Ainsi, il pourra guérir et retourner chez lui après convalescence, pour continuer sa vie.  Il est cultivateur.

Emery

Nous avons également fait  une chirurgie de fracture bi-malléollaire ouverte chez un patient diabétique. Nous craignons que des résultats positifs ne soient  pas concluant de  cette opération car il y avait beaucoup de tissus nécrotique dans son pied. Le patient était sous anesthésie rachidienne pendant l’opération et bougeait constamment. Nous devions lui dire d’arrêter de bouger.

Langin

Finalement notre dernier cas a dû être annuler car il était 17 hres et c’est l’équipe d’urgence qui était de garde. Un patient en urgence s’est présenté pour plaie par balles à l’abdomen et devait être opéré tout de suite.

Mardi au CMCC un patient de 45 ans avec une ancienne fracture du tibia et péroné (malunion). Une ostéotomie oblique dans un plan frontal avec fixation plaque/vis . Les os étaient très durs et l’ostéotomie  difficile à faire. Par chance nous avions notre  scie électrique, Dremel Multimax recouverte d’une chaussette stérile et branché à notre Eliminator Power Box (car le courant ici est 220V) qui fonctionnait très bien .

Joseph

Mercredi, patient du nom de Enock. Un  SIGN nail a été installé dans son tibia. Un autre avait été installé dans son fémur il y a deux semaines. Il avait aussi une fracture du radius droit ou une plaque et vis ont été posé.  Notre assistant était Moise, un résident qui  travaille avec nous. Il est bon et fort,  nous le taquinons souvent. Nous croyons bien avoir fini avec ce patient. Il ne reste que la physiothérapie ( kiné) et espérons bien qu’il retourne à une vie presque normale. Par contre il a une grosse plaie de pression au talon suite à l’attelle platré qu’il portait depuis son accident le 1e janvier. Vous verrez dans les photos comment son membre inférieur était racourci suite à ces 2 fractures.

Enock

Un bambin de 4 1/2 ans avec malunion du radius droit. Il avait une consolidation de l’os à 90 degrés. Une ostéotomie et une plaque et vis ont été mis.  Regardez sur la photo!!

Ivan Ishim

Jeudi nous sommes allés à l’hôpital privé de Bumerec faire des consultations en a.m. Nous avions aussi un cas d’un monsieur de 59 ans à opérer mais avons décidé de l’annuler , car son état de santé ne le permettait pas. Il est diabétique, fumeur et alcoolique avec antécédents de pancréatite et sténose pylorique le tout grâce à un salaire beaucoup plus élevé que la moyenne! Pas d’embonpoint par contre. Son Hémoglobine était à 7.0, glucose à 10.1, globules blancs à 16,000. Il a eu des transfusions sanguines et nous le céduleront pour sa chirurgie de fémur proximal ( hanche) cette semaine.

Vendredi a été une journée très productive à l’hôpital de Roi Khaled. Un enfant de 3 1/2 ans  très actif et jovial avec une luxation postérieue de la hanche droite depuis au moins un mois et demi suite à une accident de vélo. Une réduction ouverte et ensuite plâtre spica a été installé. Nous avons trouvé un interposition capsulaire ce qui bloquait la réduction fermé que nous avions tenté auparavant. Merci au Dr. Francois Fassier, orthopédiste pédiatrique au Canada, pour ses conseils sur ce cas et plusieurs autres!

Moise

  L’autre patiente Amcilla une femme de 35 ans que nous avions déjà opéré le 18 février pour arthrite septique à son genou gauche suite à une fracture ouverte avec perte de substance osseuse. Cette fois une arthrodèse du genou a été faite et un fixateur externe a été réinstallé. J’ai demandé durant l’opération à Christopher pourquoi cette patiente ne serait pas un cas pour une prothèse de genou. Il me dit que bien sûr, cela devrait être , mais ici au Burundi , il n’y a pas de prothèse de genou. Cette femme pourra quand même marcher dans l’avenir , mais ne pourra jamais plier son genou.  Grâce à cette chirurgie, elle pourra poursuivre ses études universitaires en cours.

Amcilla

 Aussi une réduction fermé du coude gauche a été faite à un enfant juste avant l’opération de cette femme. 

Nos instruments chirurgicaux  que nous utilisons sont lavés après chaque chirurgie par Emilie et Mélyna. Elles font un excellent travail aussi dans la salle d’opération. Elles sont comme des petites abeilles avec le personnel Burundais qui aussi sont très disponibles et ne disent jamais non.

Nous  avons eu une discussion avec Dr. Shabani aussi. Il nous expliquait que les gens qui sont ici hospitalisés depuis longtemps en attente de chirurgie et/ou  en attente de payer les frais de leur séjour à l’hôpital sont souvent prisonnier à l’hôpital. Ils ne peuvent pas sortir tant que la famille n’a pas trouvé parfois les 200.00$, 300.00$, parfois jusqu’à 600.00$  pour payer les frais hospitaliers. Souvent la famille ne peut les aider, et ces paysans doivent vendre une partie de leur terre pour payer. Ce qui leur fait très mal, car pour eux la terre est importante pour nourrir la famille. C’est une grande réalité ici au Burundi et cela est très fréquent. Mais ce qui est beau de constater, c’est que ces gens ne perdre jamais, jamais espoir. Ils sont très résilients et acceptent leur condition tel quel.

Il y a des gens qui nous approchent pour continuer notre mission et veulent que nous ayons un suivi même si nous ne sommes pas présents durant toute l’année. Nous pensons que d’autres chirurgiens pourraient venir ici travailler pour 3-4 semaines et tout pourrait être organisé par l’hôpital via notre fondation. C’est à organiser…… Mais cela sera une autre histoire à suivre!!


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