NOTRE SEMAINE À RUYUGI

Afin de fuir un peu la chaleur de Bujumbura,  nous sommes allés travailler à Ruyugi, petit village sympathique à l’est du pays. L’hôpital qui a été construite par Maggy Barankitze dont la noble vocation , était de soigner les gens du Burundi et les gens en bordure de la Tanzanie. Son œuvre continue toujours.  Son ambition et sa  détermination de ce projet rural a fait d’elle une femme connue mondialement , car tout a débuté en 1994 lors de la guerre civile ou elle a décidé de prendre soin et d’acceuillir chez elle les enfants orphelins de la guerre.

Un chauffeur nous a pris chez nous avec notre matériel  que nous apportions pour faire des chirurgies pendant toute la semaine.  Notre entente avec l’hôpital  est d’aller soigner les malades une semaine à toutes les 3 semaines.

C’était un grand plaisir de faire le voyage pendant 3 heures à travers les montagnes et les plantations de thé, de bananes et aussi les rizières. Les paysans sont toujours aussi acceuillants de nous voir et à notre passage ils nous envoient la main avec leur grand sourire.

La route s’est beaucoup amélioré depuis notre dernière visite l’an dernier. Les trous qui s’y trouvaient ont été remplis, et c’est beaucoup plus agréable de rouler.

A notre arrivée à Ruyugi, nous avons déposé notre matériel à l’hôpital. En revenant à notre hotel,  juste après la tombée de la nuit, nous avons eu le malheur de frapper un homme  qui s’est propulsé devant le camion; pourtant notre chauffeur conduisait  très prudemment.  Un son de frappe qui donne mal au coeur et nous croyons au pire… Lorsque nous sommes sortis du camion, il était prostré, sans connaissance. Nous l’avons transporté dans le camion et nous nous sommes précipités vers l’hôpital.  Arrivé à l’urgence nous avons constaté qu’il avait consommé de la bière en quantité considérable. Mais à part d’être ivre, il  n’avait rien de sérieux, heureusement.

Lundi matin 8hre30 nous sommes à l’hôpital et avons fait la tournée des patients avec Dr. Thierry  et Dr. Jean-Marie. Nous avons fait un  programme pour la semaine. Beaucoup de défis nous attendaient. Des cas intéressants  où nous avons passé le reste de la semaine à opérer. Voici quelques cas:

Solange, 12 ans avec une ostéomyélite chronique du fémur distal droit , arthrite septique du genou et luxation septique de la hanche ; les arthrites sont presque certainement tuberculeux selon Jean-Marie. Un traitement anti-tuberculeux a été débuté et la patiente mise en traction.

Dr. Jean-Marie et l’ostéomyélite

Odette, 36 ans, avec malunion de fracture bi-malléollaire de la cheville. Des ostéotomies correctrices furent réalisées .

Cyriaque, 23 ans avec une fracture de fémur. Il a reçu un clou verrouillé de SIGN. La réduction de cette fracture a été particulièrement longue et difficile ; par contre le résultat  devrait être excellent.

En pleine action " Clou de SIGN"En plein action « Clou de SIGN »

Mercredi matin, nous avions planifié une chirurgie de malunion de fracture de la hanche. Ce patient est venu de Bujumbura pour se faire opérer à Ruyugi parce que c’est le seul endroit dans le pays où il y a la fluroscopie (machine qui donne des images radiologiques en temps réel).  Malheureusement , après installation du patient sur la table de traction ( ce qui a pris beaucoup de temps car la table est vieille et brisée) nous avons constaté que la fluroscopie ne donnait des images que dans une seule projection. Donc , impossible de faire la chirurgie. Le patient attend depuis plus de 6 mois d’être opéré. Il avait été hospitalisé dans deux autres hôpitaux avant de nous connaître mais personne n’avait pu soigner sa fracture de tibia et de la hanche. Nous avons opéré son tibia à Bujumbura et  avons décidé de le transférer à Ruyugi pour faire sa hanche. Tout le monde était très décu par cette tournure d’évènements mais nous allons trouver une autre solution, c’est certain.

Autre cas : Femme battue par son mari. Elle est venue à l’hôpital avec des fractures des deux avant-bras du radius et cubitus. L’histoire est que cette femme voulait payer pour son enfant des frais de scolarité et son mari lui avait défendu car l’argent était pour la bière!! Il l’a battue avec un bâton mais en se protégeant le visage ce sont ses deux avants-bras qui ont été fracturés. Il faut croire qu’il y a de la violence faite aux femmes partout dans le monde. Nous avons réparé ses fractures avec des plaques et vis ( c’est à ce moment que nous avons commencé à manquer de longueurs appropriées de vis, nous devions les couper chacune à la longueur désiré avec un coupe broche.)  Aussi nous avons mis des plâtres pour 6 semaines. Nous avons demandé à Maggy , de la Maison Shalom si il y avait des recours ici pour les femmes violentées. Elle nous a sourit en négation.  Ce n’est pas le premier cas que l’on voit au Burundi.

Jean-Marie 22 ans, étudiant en médecine avait une tumeur osseuse au fémur qui était à  risque de causer une fracture de sa hanche. Après consultation par E-mail avec Dr. Robert Turcotte , spécialiste en tumeur osseuse à Montréal, nous avons décidé de faire un curetage et greffe osseuse. Tout a bien été; nous avons été surpris de voir l’abondance de tissus tumérale qui semble être tout de même bénigne.

Ezechier,  9 ans, fracture ouverte infecté du fémur par balle. L’histoire est que des voleurs sont venus chez lui car ils ont su que la famille avait vendu une partie de leur terrain et s’attendaient de trouver de l’argent. Il n’en ont pas trouvé et, en colère , ont tiré sur la mère et l’enfant.

Jeudi en fin de journée nous avons été appellé à l’urgence pour voir un jeune homme avec fracture ouverte et infectée de son fémur. Il s’est révélé que ce patient descendait la montagne en vélo, (après avoir fait une livraison de marchandise) quand les freins ont fait défaut. Ils étaient deux sur le vélo et le conducteur a perdu la vie. Le patient a visité au moins deux autres hôpitaux sans pouvoir trouver de l’aide avant d’arriver chez nous à une semaine après l’accident. Sa cuisse était gonflée comme un ballon et la plaie dégoulinait de pus à coté de son os qui sortait du trou dans sa cuisse. Nous l’avons acheminé au bloc aussitôt, avons fait un bon nettoyage, réduction de fracture et installation de fixateur externe. Nous gardons l’espoir qu’il va conserver sa jambe si l’infection réussit à être contrôlée. Hubert et son amie étaient présents à la chirurgie et ont trouvé cela très intéressant même si c’était la première fois.

Vendredi nous avons fait une ostéosynthèse d’une tête radiale pour fracture/luxation du coude, une ROFI ( réduction ouverte avec fixation interne) d’une fracture du radius distal et une autre ostéotomie d’une malunion de fracture de la cheville.

Il n’y avait pas assez de temps pour faire une femme avec une vielle luxation du coude négligée, un homme avec tumeur (sarcome probable) du thorax et un autre homme avec un carcinome du pénis. A la prochaine visite!

Si vous pensez que nous n’avons rien fait que de travailler, manger et dormir,  vous avez parfaitement raison.

Hier soir le président du pays a rendu visite au village et il a couché dans la même petit hotel ou nous étions hébergé. Arrivé tard de l’hôpital, hier soir l’endroit était entouré de véhicules, de soldats et de police, même son cuisinier était là à préparer son repas. Au fait, c’est la seule personne à qui nous avons pu parler. Certain résidents de l’hôtel ont été chassé de leur chambre et nous avons eu de la difficulté à avoir notre repas de soir. Une petite aventure qui nous a fait sourire.

Pour cette nuit nous avons bien dormi :Entouré de soldats, les chiens ne hurlaient pas et les musulmans n’ont pas dit leur prière à 4hre30 le matin. C’était d’un calme plat. Drôle de coincidence !

Cet après midi nous revenons de Ruyugi. Demain est notre jour de congé. Nous comptons aller à la plage avec Hubert,  nous amuser un peu et préparer notre semaine qui s’en vient.

Danièle et Christopher

 

 

 

 


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