Profession: Mendiant

Nous réalisons de jour en jour que le travail n’est pas facile . Les standards ne sont pas maintenus, il faut sans cesse répéter de nouveau et surveiller tous les petits détails en salle d’opération. Cela nous demande une énergie supplémentaire. C’est certain que nous n’arriverons jamais à travailler comme chez nous au Canada. Mais il faut quand même respecter des principes de base.

Le manque de matériel dans les salles d’opération; tout nous est donné au compte-goutte à partir des champs stériles désuets jusqu’au sérum physiologique et sparadrap. Nous sommes bien chanceux d’avoir tous nos plateaux d’instruments et notre matériel : plaques, vis, clous I.M. de SIGN, clou de kuntschner, prothèse de Moore, prothèse totale de la hanche, base d’ortho, broches à os, fixateur externe, Ilizarov, garot, gants,ouate pour plâtres, etc.

nos boites de matériel chirurgical.

Nous avons effectué notre première prothèse totale de la hanche cette semaine, chez un patient de 55ans qui avait une très bonne santé , mince, non fumeur. Nous avions les bonnes conditions pour l’opérer. La salle d’opération a été désinfecter au formol avant l’opération et tout a été sous “haute surveillance”.  L'équipe de la PTH

L’équipe de la PTH .

Il y avait 3 chirurgiens pour une infirmière. Un bon défi ! L’équipe qui nous a aidé a été bien averti de ne pas quitter la salle avant la fin de l’opération, y compris l’anesthésiste !

À gauche: Dr. Eissa , chirurgien orthopédiste, Dr. Carter, chirurgien orthopédiste, et à droite : Danièle , infirmière et Dr. Mohammed Attar, chirurgien orthopédiste.

Tout s’est bien déroulé pour la première fois et nous espérons faire encore mieux la deuxième fois avec des petits ajustements.

La deuxième prothèse se fera la semaine prochaine dans la 2e nouvelle salle d’opération où nous travaillons au CMCC. Là où est installé notre machine d’anesthésie que nous avons apporté du Canada et qui est en fonction depuis 1 semaine.

Ce don est de notre ami Jacques et son équipe qui travaillent à l’Hotel Dieu de Montréal. Un grand Merci.

Dr. Shabani, anesthésiste en train de tester l’appareil d’anesthésie du Canada avec Alexis, technicien anesthésiste.

Le plus grand nombre de chirurgies que nous effectuons sont à l’hôpital Prince Régent Charles. C’est un très grand hôpital public ou le département d’orthopédie est toujours à pleine capacité. Des cas de toutes sortes; les gens sont dans des dortoirs de 20 personnes. Les malades y restent longtemps, car la plupart ne peuvent payer leur facture de séjour à la sortie, alors ils sont gardés à l’hôpital. Et la facture augmente….???

Cet hôpital est devenu une communauté frétillante. Les familles qui accompagnent les patients s’occupent d’eux, ( ( ils s’appellent des gardes-malades)  cuisinent les repas dehors sur charbon de bois, les femmes font le lavage et sèche les vêtements sur les cordes à linge de fortune,

 

les cordes à linge de l'hôpital

d’autres prient à haute voie en lisant la Bible, les enfants affluent de partout: ils courent, jouent , sont allaités et d’autres pleurent. Les hommes sont assis et jouent aux dames ou jasent tout simplement. C’est tout de même beau à regarder. Il y a la “cafétéria “ où l’on peut manger un bon repas de riz, légumes, haricots pour 1000 franc BU ( à peine 75 sous) .Toute une aubaine! Et c’est délicieux. On a même bu du jus de pommes fait maison pour 700 Franc BU!

C’est à cet hôpital que nous avons rencontré notre patient Fidel.

Profession: mendiant . Il a 20 ans et il y a 6 ans , il est tombé dans un feu suite à une crise d’épilepsie. Il s’est brûlé les 2 pieds et jambes et a eu pour conséquence une contracture du pied et cheville gauche qui n’est pas joli du tout. Il marche sur son talon avec une béquille depuis ce temps et il a une plaie depuis des années de sa cheville-pied ou il manque de la peau.

 

Christopher et moi l’avons croisé par hasard et interpellé, car nous étions curieux de savoir ce qu’il venait faire à l’hôpital. En fait, il venait se faire amputer le pied car il était fatigué que cette plaie coule , et vivant dans la rue, croyez nous ce n’est pas pratique.

Chris et moi sommes regardés dans les yeux et nous nous sommes dit qu’il fallait faire quelque chose. Premièrement, nous lui avons fait passé une radiographie de son pied et par la suite avons décidé de le prendre en charge médicalement et monétairement en lui payant ses frais de radiographie, chirurgie, et frais d’hospitalisation. Nous l’avons fait venir à Ruyigi à l’hôpital Rema, par autobus. À son arrivée il n’avait que ses vêtements sur lui et avait fait un effort pour emprunter des vêtements propres .  En tout cas, lui, n’a pas une grosse empreinte écologique!!  À cet hôpital les patients sont très bien soignés et ont un repas par jour gratuitement. Et nous savions qu’il serait bien encadré par l’équipe médicale lorsque nous ne sommes pas là. Comme chirurgie, c’était tout un défi ici en Afrique: Nous lui avons fait un cross leg flap ( lambeau de jambe croisé) . Ce qui veut dire que nous avons transféré de la peau saine de sa jambe gauche et attaché à sa jambe droite pour 3 semaines avec un fixateur externe. Alors voici ce que cela donne:

 

Les épileptiques sont rejetés par leur famille car elle pense que ces personnes sont un mauvais sort pour eux.

Cette semaine nous allons à Ruyigi et le réopérerons de nouveau en lui détachant la jambe. Nous avons aussi engagé un garde malade pour s’occuper de lui , car il n’a pas de famille: pour le laver, lui apporter son repas et le mettre dans une chaise roulante pour prendre l’air de dehors etc. Nous avons bien hâte de le revoir cette semaine. Il nous donne l’impression d’être comme un enfant sauvage. Il ne sait pas trop quoi faire avec toute cette nouveauté qui s’offre à lui. Il n’a jamais eu d’affection, et ses émotions sont imprévisibles. Petit à petit il nous dit quelques mots en français et est très content de nous revoir chaque fois. Mais il faut l’apprivoiser doucement. Il est très attachant. Nous l’aimons beaucoup , nous lui apportons des petits extras à son repas journalier: sucre pour mettre dans son lait, beignets, pain et quelquefois de la viande. Il mange avec appétit . La  psychologue Joseline l’a rencontré et nous a traduit du kirundi au français qu’il était ouvert à des changements de vie meilleure. S’il le désire , il pourrait demeurer à la Maison Shalom et y apprendre un métier.

 Ruyigi, c’est l’hôpital de la Maison Shalom ou Maggy Barankitse a receuilli tous les enfants de la guerre et aujourd’hui encore , les enfants de la rue, en leur apprenant un métier , soit de mécanicien, menuiserie, couturier, plombier ou électricien. Son école de métier est ouverte à ces personnes indigentes.

Alors s’il veut changer de vie, ce pourrait ¸être une belle opportunité. Le temps nous le dira.

 

À date depuis notre arrivée fin décembre 2011, nous avons fait tout près de 170 chirurgies et 18 clous Intra-Médullaire de SIGN.

Dernièrement nous avons opéré Lazard, 30 ans. Il s’est fait frappé par une voiture lorsqu’il était en vélo. Il est arrivé à l’hôpital avec 2 fractures de ses fémurs et une fracture bi-malléollaire de la cheville gauche. Nous lui avons mis 2 clous de SIGN dans ses fémurs et plaques et vis dans la cheville. Le voici 6 jours après son opération:

Voici une photo de « nos enfants  » de Gakwende. Ils habitent ce village qui est dans les montagnes où se situe le Centre d’Enfants Handicapés. Nous les visitons à chaque année pour faire une clinique. L’an passé nous avions promis au Pasteur Nataniel d’opérer quelques enfants avec des pieds bots. Nous en avons opérer 4 le mois dernier et avons fait les suivis médicaux  et changement de plâtres ce mois-ci. D’autres sont venus pour passer les radiographies dans le but d’être opérer l’an prochain . Le Pasteur qui s’occupe de ce centre avec sa femme a très peu de ressources. Ils cultivent la terre afin que les enfants puissent manger, ils doivent transporter l’eau et n’ont pas l’électricité . Ils vivent dans un milieu plus que modeste. C’est peut-être cela la simplicité non volontaire !

Led engants de Gakwende venus à l'hôpital Rema pour suivi médical

Nous remercions toutes les personnes qui nous aident à la réalisation de notre projet autant ici au Burundi qu’au Canada. Particulièrement Barnabé le co-fondateur de notre Fondation. Barnabé travaille dans l’ombre pour nous trouver des solutions  et fait tout son possible pour qu’elles se réalisent. Il connait tous les rouages politiques et économiques   de son pays. Ce qui nous facilite beaucoup la tâche comme expatriés. 

 

Demain nous partons pour Ruyigi, retrouver nos amis Français et notre équipe médicale, et  aussi manger le bon pain de la Boulangerie Le Péliquan, c’est le meilleur dans tous le pays! Et aussi nous avons découvert comment poussait les ananas en Afrique ! Ce n’est pas dans un arbre ! Voici des  photos : C’est de toute beautée !   

Nous attendons de la visite du Canada le 29 avril : Dr. Karl Fournier, orthopédiste et sa femme Hélène, infirmière. Bienvenue !!

Danièle et Christopher

 

 

 

 


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